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Avec ou sans-papiers, Tous travailleurs !

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Manuel Valls, peu après sa nomination : « Être de gauche, ce n’est pas régulariser tous les sans-papiers ». Celui-ci fait paraître, en plein froid hivernal, sa dernière circulaire annonçant le maintien des objectifs d’expulsion de Sarkozy. Portait de la mobilisation Lilloise où des sans-papiers sont en grève de la faim depuis le 2 Novembre. Images de résistance et de solidarité à la hauteur d’une répression sans limites.

  Fives, le 4 décembre. Ce quartier est symbolique du mouvement ouvrier lillois,où l’Internationale fut mise en musique et interprétée pour la première fois par Eugène Pottier, ouvrier fivois. Cette terre de résistance face à l’occupant nazi, à l’exploitation et aux délocalisations, où tant d’ouvriers communistes, de résistants sont morts pour la Liberté ; sera à 20h30 le théâtre d’un triste spectacle. Les 120 sans-papiers en grève de la faim qui occupaient l’Église Réformée sont brutalement délogés par un incroyable déploiement des forces de Police (GIPN, des dizaines de cars de CRS), digne d’une opération anti-terroriste.

Sous les yeux des habitants, dont certains sont des voisins, des camarades, de la famille, à quelques mètres seulement du local du Comité Sans-papiers, le quartier est entièrement quadrillé. Se déroule une véritable opération de force de la préfecture pour mettre fin à cette grève. Des hommes et des femmes en résistance et que l’on jette dehors, sous la pluie par 0 degrés et malgré ces 33 jours de grève de la faim qui mettent directement leur vie en jeu.

Depuis, les sans-papiers ont été disséminés dans les hôpitaux du département, leurs 45 jours de grève de la faim nécessitant une surveillance médicale régulière. La stratégie : éparpiller les grévistes jusqu’ici rassemblés dans ce lieu symbolique et les placer sous responsabilité directe des hôpitaux et de la préfecture qui tente désormais de diviser et de faire éclater le mouvement.

Pour le Comité des Sans-Papiers du 59, association de rassemblement des travailleurs sans-papiers visant à  les défendre et obtenir leur régularisation, « l’objectif réel sera de trier à l’hôpital les sans papiers en trois catégories : – ceux, qui seront gardés à l’hôpital, ceux, qui seront envoyés en Centre de Rétention et ceux, celles qui seront jetés à la rue comme en 2007. » Une analyse malheureusement vérifiée depuis : voilà deux semaines que les sans-papiers sont régulièrement expulsés des hôpitaux, livrés au froid et à la faim, et ne sont réintégrés que par la mobilisation de tous leurs soutiens (associations, organisations politiques et syndicales), y compris avec l’appui de la CGT au sein des hôpitaux dont les directions suivent les directives préfectorales.

Ce 11 décembre, ces dernières vont passer à la vitesse supérieure, s’attaquant à 10 grévistes réfugiés dans la station de métro « Calmette » quelques heures après avoir été expulsés du CHR de Lille. L’intervention de la Police Aux Frontières ne se fera pas attendre. Emmenés au commissariat, 8 d’entre eux seront notifiés d’un procès verbal (dont une obligation à quitter le territoire pour l’un d’eux) et d’une amende de 132€. Retour à la case hôpital pour violence policière pour un gréviste,  direction le centre de rétention de Lesquin pour un autre. Son expulsion sera finalement annulée grâce à la mobilisation des soutiens, et du député communiste Jean-Jacques Candelier venu en plein nuit  à Lesquin réclamer sa libération.

 

Les grévistes de la faim témoignent

 

Débutée au 2 Novembre, cette grève de la faim, conséquence de l’obstination de la préfecture, et du soutien implicite de la mairie socialiste dans le refus de recevoir le Comité Sans-papiers 59, depuis 2007, afin d’étudier les dossiers de régularisation de ses membres.

Cette lutte est celle d’hommes et de femmes qui font la joie de leur patron : travail au noir, sous-payé, contraintes et pressions permanentes dans la crainte de l’expulsion… ils subissent au quotidien cette non-reconnaissance administrative : difficulté à se loger, impossibilité de cotiser et d’avoir le droit à une sécurité sociale… Impossibilité de s’intégrer durablement en France, après avoir été contraints de quitter des pays sinistrés économiquement, dévastés par le colonialisme, le capitalisme et les pouvoir néo-coloniaux mis en place par la bourgeoisie française et ses relais politiques. La situation des sans-papiers est révélatrice d’une politique économique où le patronat délocalise les entreprises où la main d’œuvre est la moins chère et où le FMI accompagne la destruction de tout droit social. Nos camarades étrangers se retrouvent maintenus dans l’exploitation la plus crasse une fois en France.

La grève de la faim qui dure depuis maintenant 45 jours pourrait trouver un débouché positif ce mercredi 19 décembre où une rencontre est prévue entre la préfecture et le CSP 59, qui revendique, outre la régularisation de tous les sans-papiers, la reconnaissance comme interlocuteur auprès des autorités en étant notamment reçus tous les mois, et le droit de plaider en faveur des dossiers.

 

Geoffrey Helsen

 

Communiqué du CSP59 du 02/12/12:

« Convaincus que le peuple électeur n’a pas chassé Sarkozy pour que Hollande, qui a chanté le « changement » durant les élections, fasse la même politique xénophobe, convaincus que les sans papiers ont particulièrement contribué à l’expulsion de Sarkozy en occupant par deux fois son local de campagne de Lille en prenant des risques pour dénoncer son discours lepéniste, convaincus que la discrimination préfectorale vis-à-vis du CSP59 est une infraction à l’état de droit, à un alinéa de la nouvelle circulaire et un manque de respect flagrant aux usagers sans papiers du service public que devrait être la préfecture, ce qui rappelle l’abjecte mentalité coloniale que d’aucun pensait à jamais révolue, les sans papiers grévistes de la faim et leur CSP59 déclare qu’il continueront leur grève de la faim [...] quelles que soient les conditions inhumaines et les traitements dégradants qu’ils, qu’elles subiront. »

Communiqué du Mouvement des Jeunes Communistes de France – Fédération du Nord

Cette violence inouïe est donc la seule réponse de l’Etat socialiste aux revendications légitimes portées par cette lutte : la régularisation de tous les sans-papiers (à commencer par une liste élaborée par les grévistes eux-mêmes), et le droit pour le Comité Sans Papiers 59 à la défense argumentée de tous les dossiers par un rendez-vous mensuel en préfecture. Les forces de Police et le pouvoir socialiste ont cherché cette nuit à briser le mouvement. Ils ont échoué. Les grévistes de la faim, transportés par leurs camarades aux Hôpitaux environnants, semblaient déterminés à poursuivre la lutte tant qu’aucune de leurs revendications n’était satisfaite. [...] La démonstration de barbarie de ce mardi 4 décembre n’est qu’une raison supplémentaire pour continuer à se battre. Sans illusion sur le rôle joué par les socialistes, nous avons conscience que seul le rapport de forces – par la mobilisation populaire sur le terrain – permettra d’imposer un changement radical dans le traitement que l’Etat réserve aux travailleurs, aux êtres humains qui vivent en France.

 



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